Under The Waves : immersion virtuelle dans la Mer du Nord

Rares sont les jeux vidéos à nous proposer une aventure entièrement subaquatique. Under the Waves de Parallel Studio, sorti en août 2023, fait partie de cette rare catégorie vidéoludique en nous mettant dans la peau d’un scaphandrier professionnel chargé de l’entretien d’installations pétrolières sous-marines. Entre exploration en sous-marin, sorties en plongées, rencontre avec la biodiversité, ramassage de déchets, exploitation pétrolière dévastatrice et visions mystérieuses, cette épopée solitaire dans le royaume marin ne laisse pas indifférent. Décryptons ensemble cette œuvre vidéoludique sous l’angle de l’océanologie.

Rien n’est divulgâché ! Vous pouvez lire cet article l’esprit tranquille si vous n’avez pas encore joué à Under The Waves car aucune discussion ne porte sur le scénario (qui d’ailleurs vaut franchement le détour).

Toutes les images du jeu sont issues du mode photo et ont été réalisées par l’auteur de l’article.

La Mer du Nord vous accueille

Under The Waves est un jeu vidéo entièrement subaquatique ce qui est rare. Mais un jeu subaquatique dans la mer du Nord c’est encore plus rare ! Le choix de Parallel Studio (les développeurs) est plutôt surprenant mais logique. En effet nous incarnons Stanley Moray qui, suite à un événement tragique de sa vie, cherche la solitude du travail de scaphandrier d’entretien sur les installations pétrolières. Et ces dernières sont réellement très nombreuses en Mer du Nord qui concentre environ 3 % de la production mondiale d’hydrocarbures. Les champs de pétrole se répartissent au centre de la mer selon un axe nord-sud et se situent à moins de 100 m de profondeur.

Carte bathymétrique (profondeur) de la Mer du Nord. La profondeur moyenne est de 70 m ce qui est très faible sachant que la profondeur moyenne de l’océan est de 3 800 m. Source : https://emodnet.ec.europa.eu/.

Avant de passer la surface de Under The Waves arrêtons nous sur les caractéristiques de la petite mer. La Mer du Nord occupe une superficie de 575 000 km² ce qui est similaire à l’aire de la France hexagonale. Mis à part l’extrême nord qui atteint 700 m de profondeur, la profondeur dépasse rarement 100 m ce qui en fait une mer très peu profonde.

Regardons maintenant ce qu’il se passe au niveau de la diversité des habitats marins. Les fonds marins de la Mer du Nord sont globalement très homogènes. Du sable. De la vase. Du sablo-vaseux. Du vaso-sableux. Quelques zones rocheuses dans la partie nord-est de l’étendue marine viennent étoffer ses vastes étendues sédimentaires du large. Les côtes rocheuses de la moitié nord apporte également de la diversité dans les paysages marins. Nous sommes donc loin du paysage très minéral au relief marqué du jeu vidéo.

Carte des habitats marins de la Mer du Nord. Que retenir de cette myriade de couleurs et de nom d’habitats complexes ? Et bien que le fond de cette petite mer est dans son immense majorité recouvert de sédiments. Source : https://emodnet.ec.europa.eu/.

Revenons maintenant à Under The Waves. Dès les premières minutes de jeu vous vous retrouvez harnaché dans un scaphandre autonome et progressez dans un complexe industrielle incorporé dans la roche des fonds marins. Vous êtes ensuite initié au pilotage d’un petit sous-marin vous permettant d’étendre votre zone d’exploration. En sortant de la crevasse où est stocké l’engin, vous débouchez enfin dans la mer ouverte à perte de vue.

Pour les besoins du jeu et le confort du joueur, la visibilité sous l’eau est de plusieurs dizaines de mètres. La réalité et toute autre. La Mer du Nord est très turbide du fait des nombreux apports en particules des fleuves se jetant le long de ses côtes. Cette manne nourricière favorise le développement du plancton dont la grande quantité charge les eaux. La visibilité est souvent de quelques mètres. A 15 mètres de profondeur il fait quasiment nuit. Comme vous allez le voir plus loin, ces conditions particulières influent fortement la biodiversité des fonds marins.

Bienvenue dans la Mer du Nord ! Les eaux tumultueuses, les derricks des plateformes pétrolières au loin, un ciel nuageux, tous ces traits caractérisent bien la petite mer située au nord-est de l’océan Atlantique. Toute l’aventure se passe sous l’eau. Il est temps de vider les ballastes de notre petit sous-marin.

La vie (sub)aquatique

Vous voilà donc libre de vous déplacer dans un monde marin ouvert que ce soit en sous-marin, en palmant, comme les plongeurs modernes, ou en marchant sur le fond à la manière des premiers scaphandriers. A noter que des plongeurs continuent à marcher sur le fond de nos jours, en utilisant des scaphandres aux apparence d’armure médiévale pour travailler à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

La suite de votre promenade initiatique vous mène à votre « maison » sous-marine. L’apparence de votre lieu de vie immergé à 230 mètres de profondeur s’inspire directement des divers projets de vie sous-marine qui ont émaillé l’histoire de la plongée à saturation.

Home sweet home. L’équivalent d’un hôtel de luxe cinq étoiles quand on compare avec les différents programmes de vie sous-marine prolongée.

Parmi les projets les plus connus figurent ceux du Commandant Cousteau qui entre 1962 et 1965 a testé plusieurs types d’habitations à différentes profondeurs au travers des expériences Précontinent. La première tentative (Précontinent I) s’est déroulée au large de l’archipel du Frioul (Marseille) avec deux plongeurs vivant pendant 7 jours à 10 m de profondeur. La seconde (Précontinent II) s’étalait entre 10 m et 25 m de profondeur en Mer Rouge (Soudan). Elle a duré un mois et comprenait six plongeurs. Enfin, Précontinent III s’est déroulé à 100 m de fond au large de Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes Maritimes) et comprenait six membres.

Le module principale de l’expérience Précontinent II du Commandant Cousteau en 1963 au Soudan. La ressemblance avec le module de vie de Stanley est plutôt frappante vous ne trouvez pas ? Source : F. Dumas.

Parmi les projets plus récents de plongée à saturation notons la mission Gombessa 5 d’Andromède Océanologie en Méditerranée en 2019. Au cours de cette mission quatre plongeurs ont passé 28 jours à une profondeur moyenne de 120 m. Durant cette expédition les scaphandriers ont enchaîné les plongées pour récolter des données et des observations sur la biodiversité marine méditerranéenne.

Saturer pour mieux plonger

J’ai parlé plus haut de la plongée à saturation mais au fait qu’est-ce c’est ?

Je vais tenter de vous expliquer la plongée à saturation du mieux que je peux. En s’immergeant les gaz présents dans le corps du plongeur (notamment l’oxygène et l’azote) vont subir l’effet de la pression, ce dernier augmentant avec la profondeur. Lors d’une plongée classique (descente, temps au fond puis remontée) les tissus du corps du plongeur saturent peu en gaz inerte présent dans l’air respiré, ici l’azote. L’azote accumulé s’élimine en réalisant les fameux paliers de décompression avant de remonter à la surface.

Un plongeur de l’armée américaine réalise des travaux de maintenance à 70 m de profondeur. Pour les travaux longs à de telles profondeurs la technique de plongée à saturation est indispensable. Photo : U.S. Navy photo by Chief Photographer’s Mate Eric J. Tilford.

Dans le cas de la plongée à saturation, le temps de plongée est suffisamment long pour que tous les tissus du corps atteignent un équilibre avec le gaz inerte du mélange respiré. Classiquement le gaz inerte utilisé est de l’azote. Cependant, pour des plongées très profondes, il est remplacé par de l’hélium qui préserve de la narcose. La plongée à saturation permet de rester immergé longtemps à des grandes profondeurs et en nécessitant une unique étape de décompression à la fin. Cette étape reste cependant très longue et peut durer plusieurs jours voir plusieurs semaines. Ce type de plongée est employé par les scaphandriers réalisant des travaux sous-marins sur les plateformes pétrolières. Cette technique est également de plus en plus utilisée dans le domaine de la biologie marine.

Revenons maintenant à Under The Waves et à Stanley notre avatar plongeur. Nous pouvons voir que ce dernier peut évoluer verticalement en toute liberté sans s’encombrer de longs paliers de décompressions. Comme vous l’aurez compris cela n’est absolument pas possible dans la réalité. Ce manque de réalisme se révèle cependant indispensable pour assurer une bonne jouabilité. Seriez vous prêt à jouer 20 minutes en restant à la même profondeur pour retourner ensuite patienter dans votre module de vie pendant plusieurs heures ? Personnellement je trouverais cela très ennuyeux !

Même lorsqu’il se détend au sec dans son module d’habitation Stanley est soumis à la pression et son corps est saturé en gaz. Dans la réalité il lui faudrait plusieurs jours de décompression pour revenir à la surface. A noter que l’air sous pression donne une voix aiguë façon Donald Duck lorsque l’on parle ce qui n’est heureusement pas le cas dans le jeu !

Le monde du (non) silence

Il est donc difficile de coller à la réalité physiologique de la vie aux grandes profondeurs pour retranscrire les sensations sous-marines. Cependant il existe un autre moyen de nous immerger dans l’ambiance feutrée du monde marin : les sons. Car oui, le monde du silence est tout sauf silencieux.

Le son se propage très bien sous l’eau et même mieux que dans l’air. Cependant, selon les caractéristique de l’eau de mer (température, salinité, pression), la capacité de transmission du son peut varier. Il est donc possible d’entendre des bruits émis à une très longue distance dans l’océan. Mais nous les humains, pauvres animaux terrestres, sommes nous équipés pour entendre les sons sous la mer ?

Oui et non. Notre appareil auditif s’est développé sur le modèle stéréophonique aérien avec perception de la direction d’émission du son. Lorsque nous mettons la tête dans l’eau nos conduits auditifs se remplissent jusqu’aux tympans. De ce fait nous entendons les sons de manière assourdie (perte de relief sonore) et nous perdons la perception de sa provenance. Malgré tout nous percevons tout de même les bruits marins de notre spectre auditif. Cette sensation d’étouffement du son est particulièrement bien retranscrite dans le jeu.

Deux sources de bruits très présentes dans Under The Waves : le son des inspirations de Stanley dans son casque et les bulles produites par son expiration.

Les sources de bruits peuvent se diviser en trois catégories : géophysique, biologique et anthropique1. Regardons quelles sont celles que nous retrouvons dans Under The Waves.

Commençons par les bruits d’origine géophysique (et météorologique). Le seul vraiment présent dans le jeu est celui des vagues lorsque nous nous approchons de la surface.

Les sons les plus présents sont ceux d’origine anthropique. C’est à dire ceux d’origine humaine. Tout d’abord il y a les bruits émis par l’équipement de Stanley. Son scaphandre émet des bulles très sonores lorsqu’il expire. Si vous avez déjà plongé c’est le son principal que vous entendrez. Il y a également le son des moteurs du petit sous-marin et surtout de ses hélices. Et puis il y a les bruits mécaniques très nombreux. Par exemple une vanne grippée que l’on tourne, un conteneur qui percute le fond, les gonds rouillés d’une lourde porte.

Enfin il y a un son biologique très présent dans Under The Waves qui se démarque de tous les autres. C’est celui du « chant » des baleines (voir la suite de l’article). Si vous aviez la capacité d’entendre tous les sons biologiques de l’océan vous seriez face à une véritable cacophonie ! Le bruit des mouvements des crustacés, les poissons qui émettent des sons avec leur vessie natatoire2, les mammifères marins qui dialoguent (baleines, dauphins, cachalot, etc.). Et encore ce ne sont que ceux figurant dans le spectre de l’audition humaine.

Deux sons sous-marins illustrés en image. Celui anthropique du sous-marin de Stanley (qui a une belle fuite d’huile à cause d’un pilotage hasardeux de ma part). Et celui d’un rorqual bleu en pleine séance de « chant ».

Biodiversité marine d’ici et d’ailleurs

La biodiversité marine est très présente dans le jeu. Des grandes algues vertes, des bancs de moules, des poulpes, des araignées de mer, des poissons parfois en bancs immenses, tout un assortiment de requins, des tortues, des méduses, des mammifères marins (phoques, baleines, orques) et même un calmar géant ! En partant du constat que Under The Waves se déroule dans la Mer du Nord voyons quelles espèces sont indigènes et lesquelles ne le sont pas.

Regardons la faune et la flore locale de la Mer du Nord. Comme nous l’avons dit plus haut, les fonds sont globalement de nature sédimentaire avec quelques roches présentes sur certaines zones littorales. Ce sont ces habitats, les conditions hydrographiques (courants, salinité, température) et les facteurs biotiques (abondance du plancton, fonctions écosystémiques) qui vont poser le cadre du développement du Vivant. Et la Mer du Nord est très riche en biodiversité marine !

La biodiversité locale donc. Il y a bien des moules et des araignées de mer. Côté tortues marines en revanche c’est plutôt pauvre. A noter quand même qu’une tortue caouanne (Caretta caretta) a été observé en 2023 sur une plage belge.

Araignée de mer (Maja brachydactyla) sur son lit de moules bleues (Mytilus edulis) dans la réalité aux portes de la Mer du Nord. Photo : Arnaud Abadie.

Il y a également de nombreuses algues dans les zones de faible profondeur où la lumière est suffisante pour la photosynthèse. Ainsi, les profondeurs auxquelles nous les observons dans le jeu (parfois à plusieurs centaines de mètres de fond) ne sont pas réalistes. A la différence de Under The Waves, dans la réalité ces algues sont brunes et non vertes (en lien avec les pigments chlorophylliens qui leur donne leur couleur). Certaines peuvent mesurer plusieurs mètres de long.

Les poissons sont très nombreux en Mer du Nord qui est d’ailleurs l’une des zones les plus pêchées du monde. Parmi les nombreuses espèces présentes beaucoup sont des poissons plats vivant sur le fond.

Les requins font bien partie de la faune locale de la Mer du Nord. C’est le cas du requin bleu (Prionace glauca) et du titanesque requin pèlerin (Cetorhinus maximus). En revanche le requin baleine (Rhincodon typus), rencontré brièvement dans Under The Waves à l’occasion de l’exploration d’une épave, est une espèce tropicale qui ne fréquente pas les eaux froides.

Une atmosphère enchanteresse entre requin baleine (Rhincodon typus) et épave de galion. Malheureusement peu réaliste en Mer du Nord car ce requin préfère les eaux tropicales.

Enfin les mammifères marins sont réellement très présents en Mer du Nord. Les colonies de phoques sont nombreuses à proximité sur la côte comme celles des phoques gris (Halichoerus grypus) et des veaux marins (Phoca vitulina). La baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), le roqual bleu (Balaenoptera musculus) ainsi que l’orque (Orcinus orca) observés dans le jeu sont également de réelles résidents de la zone.

Quant au mythique calmar géant (Architeuthis dux) furtivement observé en de rares occasions dans le jeu il aurait du mal à se balader dans la Mer du Nord dont les profondeurs sont trop faibles. En effet notre timide céphalopode gargantuesque aime évoluer à plusieurs centaines de mètres de fond.

Une ombre gigantesque glisse précipitamment dans un paysage nu presque déserté par la vie marine. Moment suspendu lorsqu’un calmar géant (Architeuthis dux) survole le petit sous-marin de Stanley.

Les ravages de l’exploitation pétrolière

En opposition à la biodiversité marine foisonnante, Under The Waves dépeint des fonds marins ravagés par les activités d’extraction pétrolière et jonchés de nos déchets.

Le pétrole est l’une des ressources les plus prisées de notre espèce addict aux énergies. Au final « l’or noir » ce sont des restes de végétaux et d’organismes aquatiques microscopiques qui se retrouvent piégés dans le sédiment au fond de l’océan. Après des dizaines de millions d’années d’enfouissement cette matière organique se transforme en kérosène sous l’action de la pression et des fortes températures du sol. L’extraction pétrolière en mer représente 30 % de la production mondiale. Cette exploitation intensive ne se fait pas sans impact sur l’environnement.

Des amas d’hydrocarbures à la forme fantasmée viennent souiller le tableau idyllique sous-marin proposé par Under The Waves. Notez en arrière plan le conteneur perdu sur le fond, symbole du trafic maritime frénétique de la surface.

Il y a les méfaits bien visibles liés aux marées noires. Elles peuvent se dérouler directement sur les sites d’extraction. Une des plus importantes s’est produite en 2011 dans le Golfe du Mexique avec l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de British Petroleum (BP). Au total 780 millions de litres se déversent dans l’océan durant 5 mois. Les effets sur les écosystèmes marins sont d’une ampleur sans précédent, les effets se faisant encore ressentir de nos jours notamment au niveau des pêcheries.

Les marées noires peuvent également survenir durant le transport de pétrole. La plus récente sur les côtes françaises est celle de l’Erika en 1999 au large de la côte sud de la Bretagne. 400 km de littoral sont souillés par les hydrocarbures. Le nombre d’oiseaux marins tués est estimé entre 200 000 et 300 000 individus.

Dans Under The Waves les effets mortifères du pétrole sont largement décrits. Notre héros est aux premières loges et est lui-même un rouage de l’industrie pétrolière. Il nous permet ainsi d’être spectateur des ravages sur la biodiversité marine qui accompagnent l’exploitation du pétrole. Ceux-ci restent invisibles aux terriens que nous sommes.

Un océan de déchets

La seconde thématique très présente dans Under The Waves, en lien avec la pollution de l’océan, est celle des déchets marins. Tout d’abord il y a les déchets plastiques. Ils représentent 80 % des déchets présents dans la mer. Leur ingestion par certaines espèces marines est évidemment très problématique et peut aller jusqu’à causer leur mort. Mais le réel danger des plastiques en mer réside dans leur capacité à se fragmenter en particules microscopiques voire nanoscopiques (un milliard de fois plus petit que le mètre). Ces minuscules particules s’accumulent dans les organismes marins et finissent dans notre assiette.

Les déchets plastique sont omniprésents dans le jeu, qu’ils flottent dans la colonne d’eau ou bien près du fond.

Dans le jeu, notre plongeur passe du temps à constater la présence de déchets sous-marins. Mais aussi à les ramasser pour les réutiliser. Des informations sur la pollution marine sont d’ailleurs intelligemment fournies au joueur en partenariat avec l’association de protection de l’environnement Surfrider Foundation.

La pollution liée au trafic maritime est également très représentée dans Under The Waves. Il s’agit ici d’épaves de navires et de voitures. De plus, notre avatar assiste médusé en direct à un ensemble de conteneurs coulant vers le fond suite à leur perte par un cargo porte-conteneurs en surface.

Enfin une dernière pollution plus ancienne est visible. Un champs de mines de la Seconde Guerre Mondiale émaille les fonds marins. Leur menace d’explosion reste intacte malgré les décennies passées. Cette scène illustre parfaitement la problématique de pollution liée aux munition immergées des guerres du passé. Leur déminage, lorsque nous les découvrons, provoque bien sûr des dégâts sur les espèces marines et les fonds océaniques. Les dommages les plus insidieux sur les environnements aquatiques sont cependant provoqués par la fuite des produits explosifs et la dégradation des métaux constituant les munitions. Nos connaissances sur l’ampleur réelle de cette pollution restent très réduites. Les sites d’immersion de munitions par l’armée ne sont d’ailleurs pas tous connus.

Des décennies après leur fin, les engins de guerre constituent toujours une menace bien réelle. De telles champs de mine sont normalement démantelés. Cependant des dépôts de munitions parfois non localisés existent belle et bien à proximité de nos côtes.

Le mot de la fin

Under The Waves est une fenêtre sur le monde marin. Une invitation à s’intéresser à ce qu’il se passe sous les flots. Deux mondes se confrontent. D’un côté il y a celui de la biodiversité et des éléments naturels à la fois paisible et redoutable mais jamais angoissant. De l’autre il y a l’univers humain. Envahissant, destructeur, anxiogène, désespérant, obscrue. Il se voit cependant illuminé par l’humanité et les émotions de Stanley.

Son ambiance brillamment retranscrite à travers les sons, la musique, la lumière et les mouvements nous immerge efficacement dans l’univers marin dans toutes ses dimensions. Reste un élément que je n’ai pas souhaité aborder pour ne pas vous gâcher sa découverte : le scénario. Toute cette atmosphère savamment construite est entièrement au service d’une histoire poignante et intrigante que je ne peux que vous recommander de découvrir.

Que ce passe-t-il réellement dans les profondeurs ?

Under The Waves permet également de faire un autre constat. L’importance actuelle de la place des jeux vidéos dans la culture en fait un vecteur de diffusion de connaissances et de sensibilisation d’envergure. Dans le jeu ces aspects pédagogiques sont présents mais pas envahissants. Il est encourageant pour l’avenir du média de voir qu’un équilibre entre le plaisir de jeu et une meilleure compréhension du monde qui nous entoure peut exister.

Glossaire

1Anthropique : d’origine humaine (souvent en lien avec nos activités).

2Vessie natatoire : sac rempli du gaz qui se trouve dans la partie supérieure de l’abdomen, sous la colonne vertébrale, impliqué dans la flottaison chez les poissons osseux.

L’auteur

Arnaud Abadie est un écologue marin et un photographe subaquatique. Biologiste marin en Méditerranée pendant dix ans, il est désormais chargé d’études milieu marin à l’Agence de l’Eau Artois-Picardie. Arnaud est le fondateur de Sea(e)scape et l’un de ses contributeurs régulier.

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