Rascasses et autres poissons scorpion
Un aperçu de la folle diversité des rascasses et autres poissons scorpions qui peuplent l’ensemble des mers du monde.
Peu de poissons ont une mine aussi patibulaire que les rascasses. Une tête large. Une bouche incapable de sourire. Des excroissances difformes sur le corps. Une peau en lambeaux. De longues épines dorsales inquiétantes. Vraiment rien pour rendre ces bestioles sympathiques auprès de leur entourage que ce soit du côté des proies (c’est évident) que de celui des prédateurs (c’est moins évident).
D’ailleurs, avant de s’extasier sur les bizarreries du corps des rascasses, il faut déjà les trouver dans des paysages sous-marins bigarrés. Et ce n’est pas du tout évident. Premièrement ces poissons sont les maîtres du camouflage. Leur peau imite la texture et la couleur du substrat sur lequel elles se posent. Ici, point de mimétisme dynamique comme les seiches. Deuxièmement, les rascasses restent parfaitement immobiles lorsqu’elles se posent sur le fond. L’œil se fixant sur le mouvement on ne peut pas vraiment dire qu’elles attirent les regards.
Une fois les drôles de poissons repérés, ce qui retient l’attention, ce sont les longues épines dorsales bien en évidence qui n’inspirent absolument aucune confiance. D’ailleurs, ces épines sont souvent rabattues lorsque la bête est au repos et se redressent lorsqu’une menace s’approche (un plongeur curieux par exemple). Ces pics dorsaux sont gorgés de venin. Un poison capable de mettre à mal les plus grands prédateurs qui en viennent parfois à recracher les rascasses. Même les plus grosses bestioles comme l’être humains sont également très sensibles à ces piqûres.
Mais où trouve-t-on ces charmants poissons ? Principalement dans les fonds côtiers des eaux marines tropicales et tempérées. Je vous ai mis des exemples de plusieurs endroits du monde comme la Méditerranée avec le chapon (Scorpaena scrofa) et la rascasse brune (Scorpaena porcus), la Mer Rouge et l’Océan Indien (Afrique du Sud) avec le poisson scorpion à houppes (Scorpaenopsis oxycephala).
Vous avez peut-être également reconnu la rascasse volante (Pterois volitans) photographiée ici en Guadeloupe. Cette espèce est invasive dans les Caraïbes et s’est échappée d’un aquarium de Floride suite à une tempête dans les années 80. La rascasse volante n’a pas de prédateur dans cette région et se nourrit des juvéniles des autres poissons. Cette espèces est aussi arrivée en Méditerranée en passant par le canal de Suez.
Une rascasse volante (Pterois volitans) s’abrite sous une gorgone en Guadeloupe.