La pieuvre dans toute sa splendeur

La pieuvre est un animal curieux aux capacités étonnantes. Petit tour d’horizon des caractéristiques de ce céphalopode.

Les pieds sur les tête

Le bestiaire marins est particulièrement riche en morphologies atypiques pour nous autres animaux terrestres. Parmi les nominés à la palme de la bizarrerie subaquatique figurerait certainement la pieuvre (le poulpe). Ou plutôt les espèces de pieuvres.

Décryptons un peu la forme si particulière des pieuvres.

Un poulpe en pleine promenade en dehors de son trou sur les fonds marins de Méditerranée.

Les pieuvres sont des des céphalopodes (littéralement les pieds sur la tête en grec ancien) comme les seiches ou les calmars. Ces « pieds » sont bien évidemment des tentacules qu’il possède au nombre de huit. Ces tentacules sont recouverts de ventouses qui lui permettent de s’accrocher et de saisir des objets. A noter que l’un de ces tentacules sert à la reproduction et permet au mâle de transporter les spermatozoïdes.

Détail des ventouses du poulpe (Octopus vulgaris).

Les tentacules entourent la bouche de la bête qui est munie d’un bec similaire à celui des oiseaux. Il lui permet de déchiqueter ses proies. Le reste du corps est constitué d’un manteau qui protège une coquille calcaire interne. Parmi les surprenantes caractéristiques anatomiques de la pieuvre nous pouvons citer la présence de trois cœurs (un principale et deux secondaires). Enfin le sang des poulpes est bleu car l’hémoglobine est remplacée par l’hémocyanine, un pigment respiratoire bleu (rien à voir avec la noblesse de la bestiole).

Une panoplie de senseurs et de protections

Ce qui frappe lorsque l’on observe le poulpe ce sont également ses yeux à la forme inhabituelle. Les pieuvres sont pourvues d’une excellente vue qui leur est très utile pour capturer leurs proies et se mouvoir dans leur environnement benthique (fonds marins) à la structuration en trois dimensions complexe.

Les pieuvres sont des reines du camouflage avec la capacité de modifier la forme et la couleur de leur corps pour adopter la morphologie et la coloration de leur environnement. Une capacité très utile pour chasser ou se cacher des prédateurs !

Un poule en plein flagrant délit de camouflage sur la matte de posidonie dans les eaux de la Corse.

Son arme ultime de défense reste le jet d’encre. Cependant sa réserve d’encre met plusieurs semaines à se recharger. Durant ce laps de temps la pieuvre est sans défense et donc plus vulnérable à ses prédateurs. Avis aux plongeurs : n’approchez pas le poulpe si son comportement est fuyant !

Une vie brève mais intense

Attardons nous un peu sur la reproduction des pieuvres car elle est pour le moins extrême. Une fois la femelle fécondée par le mâle, elle ira pondre ses œufs en grappes sur le plafond d’une cavité rocheuse. Et c’est là que le marathon mortel débute pour la future mère.

Contrairement à son cousin diurne le poulpe commun (Octopus vulgaris), le poulpe tacheté (Callistoctopus macropus) préfère se promener la nuit à la recherche de proies.

La femelle poulpe passe tout son temps au chevet de ses œufs pour les ventiler, les nettoyer et les protéger. Tout ça sans se nourrir. A l’éclosion des œufs la femelle meure d’épuisement. Ce sacrifice maternel est génétiquement programmé par sécrétions endocriniennes. Si on les enlève les glandes sécrétrices la femelle survie quelques mois de plus.

Cela nous mène à leur espérance de vie qui n’est pas très élevée selon nos critères humains. Environ 6 mois pour la majorité des espèces. La pieuvre géante du Pacifique qui peut atteindre plusieurs mètres de long vit jusqu’à 5 ans si elle ne se reproduit pas.

Certaines pieuvres, comme ce poulpe à longs bras (Macrotritopus defilippi) en Gaudeloupe, adoptent des couleurs plus sobres pour se camoufler plus facilement dans leur environnement.

Une intelligence hors du commun

Pour conclure parlons rapidement des remarquables qualités intellectuelles des pieuvres. Il faut cependant rester prudent lorsque l’on qualifie l’intelligence des espèces que cela se fait souvent sous l’angle de l’anthropomorphisme.

Un bel exemple de vanité avec cette petite pieuvre chapardeuse de matériel scientifique retranchée sous le lest d’une bouée scientifique en Corse.

Avec leurs 500 millions de neurones (80 à 100 milliards chez l’humain) les poulpes disposent d’une importante capacité d’apprentissage et de mémoire. Les exemples où des poulpes ouvre des bocaux ou manipules d’autres objets ne manquent pas. Dans le milieu naturel les bestioles font preuve de coquetterie et n’hésitent pas à décorer l’entrer de leur habitation avec des coquillages, des déchets… ou des outils scientifiques (je parle d’expérience).

Les pieuvres font également preuve de sentience. Elles ressentent la douleur et sont sujettes aux émotions. Le lien entre douleur et émotion est très proche de celui des autres mammifères (dont nous). Ajoutons à cela que les poulpes ont très bonne mémoire.

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