Un hiver en Méditerranée
En hiver en Méditerranée la vie ne s’arrête. Au contraire c’est une toute une biodiversité hivernale qui s’ébat dans les eaux refroidies.
La vie sous-marine est saisonnière en Méditerranée. Chaque saison voit des espèces apparaître et d’autres disparaître. Mais une idée reçue à la vie dure. C’est celle que les fonds marins sont déserts en hiver. Comme la majorité des idées reçues celle-ci est fausse.
L’eau plus froide rebute peut-être un grand nombre d’observateurs humains mais ce n’est pas pour autant que la biodiversité déserte totalement les habitats marins. La preuve en image avec quelques exemples.
Les langoustes rouge (Palinurus elephas) ne quittent pas leur abri rocheux malgré le rafraîchissement de l’eau. Fidèles au poste elle poursuivent leur vie à la recherche de proies grâce à leurs longues antennes fragiles.
Les oursins violet (Paracentrotus lividus) sont de sortie. L’hiver est pour eux une période clé de maturation des gonades avant la reproduction du printemps et de l’été. Pour les amateurs d’oursins c’est d’ailleurs pendant l’hiver que leur pêche est autorisée pour préserver les populations menacées par des décennies de prélèvements inconsidérés.
Des nuages de jeunes poissons nés de l’automne arpentent les petits fonds côtiers. Roches couvertes d’algues, prairies sous-marines, petites cavités. Ce sont de véritables nurseries indispensables à la protection de nombreuses espèces de poissons qui passent de la sorte le début de leur vie à l’abri des prédateurs.
Les minuscules limaces de mer s’ébattent librement, comme cette élisie timide (Elysia timida) qui se régale des algues présentes sur les roches peu profondes. Cette petite limace est d’ailleurs une voleuse de premier ordre car elle utilise les chloroplastes de la végétation qu’elle consomme qui lui permettent de profiter de la photosynthèse pendant plusieurs semaines. C’est aussi de là que provient sa couleur verte.
Restons dans le vert et la végétation avec les herbiers de posidonie (Posidonia oceanica). C’est derniers adoptent une coiffure plus courte en hiver. Leur longue chevelure verte est rasée avec méthode par les tempêtes hivernales qui jouent le rôle de coiffeur un peu trop enthousiaste de la tondeuse. Les feuilles ainsi arrachées s’exportent vers les autres écosystèmes marins qui profitent de cette manne nutritive. Les feuilles s’échouent également sur les plages pour s’y entasser (les banquettes) et ainsi protéger le littoral de l’érosion.
Enfin les vastes étendues de sable ne sont pas en reste. Les seiches communes (Sepia officinalis) n’ont pas peur de l’eau hivernale de Méditerranée. Certaines se cachent dans le sable. D’autres évoluent librement en quête de nourriture. A cette période ce sont les reines des fonds sableux.