
Le corail et ses récifs
Les récifs coralliens constitue l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité au monde. Les services écosystémiques qu’ils rendent sont nombreux et indispensables pour les populations côtières. De nombreux secteurs économiques dépendent du bon état de l’écosystème corallien. Cependant les récifs régressent depuis plusieurs décennie en subissant l’impact du changement climatique et des activités humaines.
Le corail : un animal immobile
Répartition des récifs coralliens tropicaux. Source : NOAA.

Petite devinette. Il préfère les eaux chaudes tropicales peu profondes mais ne dédaigne pas les eaux tempérées ou plus profondes. Il en est beaucoup question lorsqu’il s’agit d’environnement marin et de changement climatique. Il joue de nombreux rôles écosystémique surtout lorsqu’il vit en colonies.
Il s’agit bien évidemment du corail !
L’animal (car oui il est bien question d’une bestiole) fait partie de la nombreuse famille des cnidaires. Ces derniers comptent dans leurs rangs également les anémones, les gorgones et les méduses.

Détail du bien nommé corail cerveau (Diploria labyrinthifor).
Nourriture et vie en communauté
Le corail est un polype, c’est à dire une sorte de tube avec une corolle de tentacules à son extrémité. Le polype agit comme une bouche qui capte les particules nutritives de l’eau ambiante pour se nourrir.
Il arrive cependant que l’eau ne soit pas assez chargée en nutriments pour assurer la subsistance de la bête. Les polypes accueillent donc en leur sein des zooxanthelles (des algues du genre Symbiodinium) qui prennent le relai en faisant la photosynthèse. Ainsi à partir de lumière et du gaz carbonique du corail, cet invité miraculeux fournit nourriture et oxygène à son hôte.
La vie en communauté du corail va encore plus loin. Les polypes se regroupent pour vivre en colonies. La diversité des formes et des couleurs chez ces attroupements est de mise. La structure même des colonies varie fortement.
Les polypes du corail rouge (Corallium rubrum), une espèce des eaux tempérées de Méditerranée.

Des colonies molles et dures
Certaines espèces optent pour un squelette calcaire (coraux durs). Leurs colonies peuvent être trapues en forme de boules ou bien former des cornes effilées tendues vers la surface. D’autres optent pour un corps flexible (coraux mous). Les coraux durs sont plus solides mais grandissent très lentement. A l’opposé les coraux mous se développent très rapidement alors que leur corps tendre est plus facilement la cible de prédateurs.
En ce regroupant les colonies des différentes espèces de corail (plus de 6 000) forment d’immenses récifs dans les eaux tropicales peu profondes. Ces bioconstructions gargantuesques constituent un habitat pour de nombreuses espèces marines. Cet habitat est à la base de l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité de la planète.

Une exemple de corail mou en Mer Rouge : l’alcyonaire (Dendronephthya spp.).
Le corail ne dédaigne pas l’eau froide
Lorsque nous entendons corail se sont immédiatement ces beaux récifs dans des eaux turquoises qui nous viennent à l’esprit. Cependant le corail peuple également les eaux tempérées. C’est le cas par exemple du célèbre corail rouge de Méditerranée.
Le corail peut également prospérer dans les eaux froides des profondeurs. La preuve avec les colonies de Desmophyllum pertusum récemment découvertes au large de la Floride entre 200 et 1 000 mètres de profondeur.
Localisation des principaux récifs coralliens des eaux froides et tempérées. Source : Pour la science.

Un habitat pour de nombreuses espèces
Les beaux coraux peuvent être de simples colonies solitaires plantées sur des roches plus ou moins profondes dans des eaux plus ou moins chaudes. Ou bien ils peuvent former d’énormes récifs parfois vieux de plusieurs dizaines de milliers d’années dans les eaux tropicales. Les récifs coralliens constituent un habitat marin côtier fondamental qui se trouve à la base de l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité de notre petite planète.
Nous trouvons dans ces récifs miraculeux plus de 25 % de la biodiversité marine mondiale soit un total de 60 000 espèces. Cela se révèle d’autant plus impressionnant que les récifs coralliens n’occupent que 0,2 % de la surface des océans. Ce résultat prodigieux est le fruit de nombreuses interactions entre les organismes vivants et leur milieu. Pour mieux comprendre ce réseau complexe il faut partir de la base de la chaîne alimentaire et remonter jusqu’à son sommet.

Deux girelles arc-en-ciel (Thalassoma lucasanum) dans un récif corallien du golfe de Californie.
La chaîne alimentaire de l’écosystème corallien
A la base de toute chaîne alimentaire se trouvent les producteurs primaires, c’est à dire les organismes produisant de la matière organique dont se nourrissent les autres êtres vivants. Il s’agit des algues, des plantes marines et du plancton végétal. Comme nous l’avons vu précédemment les coraux captent de la nourriture dans la colonne d’eau et profitent des fruits de la photosynthèse grâce à leur association avec les zooxanthelles. Les zooxanthelles agissent ainsi comme un producteur primaire.
Les formations coralliennes fournissent un abri pour de nombreuses espèces de crustacés, de petits poissons et de mollusques. Sans oublier les tortues marines. Dans ces véritables villes sous-marines les habitants ne vivent pas en paix. C’est une compétition permanente pour l’espace et les ressources alimentaires. Ces mêmes espèces consomment également les algues, le corail et le plancton. Il s’agit des consommateurs primaires de la chaîne alimentaire.
Cette langouste de Caraïbes (Panulirus argus) vit directement au cœur des colonies coralliennes des Antilles (ici en Guadeloupe).

Des plus gros poissons aux plus petites bactéries
Parmi les consommateurs se trouvent aussi les espèces les plus haut placées dans la hiérarchie du récif. Ce sont principalement des poissons et des céphalopodes (pieuvres, seiches). Nous parlons alors de consommateurs secondaires (qui mangent les consommateurs primaires). Et encore au-dessus il y a les super prédateurs comme les grands poissons prédateurs, les requins, les raies et les mammifères marins.

Un requin nourrice (Ginglymostoma cirratum) patrouille dans les récifs coralliens du Yucatan (Mexique).
Enfin il existe une troisième classe d’organismes beaucoup moins glamours mais essentiels dans le fonctionnement des récifs coralliens : les décomposeurs. Il s’agit des bactéries invisibles qui recyclent la matière organique et nettoient l’environnement.
Des organismes unicellulaires microscopiques aux plus gros animaux marins, chaque espèce joue un rôle dans ce réseau complexe. Si le sommet, le centre ou la base de l’écosystème se trouve fragilisé c’est tout l’édifice qui peut s’effondrer.
Une tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) se repose sur les récifs de Guadeloupe.

Des services écosystémiques et économiques
L’intérêt de l’écosystème complexe des récifs coralliens ne se limite pas à de jolis poissons multicolores idéaux pour distraire les riches touristes, ou bien à un milieu sacrifiable sur l’autel de l’artificialisation du littoral et du développement économique. De par la structure même de ces bioconstructions et le grand nombre d’espèces qui interagissent dans cet environnement, les habitats coralliens remplissent de nombreux rôles écologiques. Mais ils rendent aussi des services écosystémiques non négligeables à notre malheureuse espèce terrestre.
Tout d’abord intéressons-nous aux rôles écologiques. La structure même du corail sert de lieu de reproduction et de nourrissage. Sa complexité tridimensionnelle et les nombreuses cachettes qu’elle offre sont autant d’opportunités pour les espèces marines de se protéger des prédateurs et des phénomènes naturelles extrêmes.

Même cette couronne d’épines (Acanthaster planci) à Moorea (Polynésie française) qui dévore le corail fait partie intégrante de l’écosystème.
Stocker le carbone, protéger le littoral
Par la construction de leur squelette calcaire les coraux stockent du carbone. Ce véritable puits de carbone emmagasine entre 70 et 90 Mégatonnes de carbone par an sous la forme de carbonate de calcium (CaCO3). Dans le processus de calcification, nous pouvons tout de même noter la production de CO2 mais dans des proportions infimes (1,86 Mégatonnes) au regard de la quantité de carbone stocké.
A cela s’ajoute la protection du littoral contre les tempêtes. Les barrières de corail (au sens propre du terme) réduisent fortement la force et la hauteur des vagues et l’impact des tsunamis. Grâce à ce véritable bouclier pour la côte, c’est tout l’environnement côtier qui est protégé mais également les vie humaines et les constructions sur le littoral. Par la même occasion le littoral se trouve préservé de l’érosion.
Une triarchie toute puissante
Et ce n’est pas tout. En accueillant une foultitude d’espèces les récifs coralliens constituent une importante source de nourriture pour les populations littorales et une source de revenus grâce à la pêche. Au rang des autres services socio-économiques se trouve l’attrait touristique et les revenus qui en découlent. Enfin la vie marine des récifs coralliens est une source de potentielles nouvelles substances médicamenteuses ou alimentaires.
Comme si les services écosystémiques et économiques fournis par les seuls récifs coralliens ne suffisaient pas, ces supers animaux calcaires s’acoquinent avec d’autres écosystèmes côtiers pour décupler ses pouvoirs. Ainsi, avec la mangrove et les prairies sous-marines voisines, ils forment une triarchie toute puissante aux pouvoirs écosystémiques démultipliés. Mais ceci est une autre histoire.
La mangrove et les prairies sous-marines ne sont jamais très loin des récifs coralliens tropicaux.

Un déclin depuis 40 ans
Les récifs coralliens disposent d’une importance capitale pour l’environnement littoral et les activités économiques côtières. Leur bon état de conservation et leur bonne fonctionnalité écosystémique qui en découle sont donc capitaux pour les régions où se développent les coraux. Mais dans quel état se trouvent les récifs coralliens ?
Pas très bien en fait. Voire par bien du tout.
En 2021 l’ICRI (l’Initiative internationale pour les récifs coralliens) publie un rapport sur l’état des fameux récifs qui met en lumière leur déclin global depuis 40 ans. Ainsi entre 2009 et 2018 c’est 14 % du couvert corallien qui a disparu. Le principal responsable de cette disparition est le phénomène de blanchissement du corail en lien avec l’augmentation de la température de l’eau de mer. Cette étude met en lumière que ce n’est pas seulement l’augmentation de la température sur le long terme qui est responsable de la réduction du couvert des récifs, mais également les événements courts et intenses de réchauffement de l’eau (événements extrêmes).
La régression du couvert n’est pas le seul signal inquiétant. Un couvert algal supérieur de 20 % a été observé en 2019 par rapport à 2010. L’augmentation du couvert algal sur les récifs coralliens est notamment considéré comme un indicateur de stress.

La couverture des coraux durs dans le monde (en bleu) et les anomalies de température dans le monde. Source : rapport de l’ICRI.
L’impact de nos activités
A la menace du changement climatique s’ajoute les destructions liées aux activités humaines. Les pratiques de pêche destructrices comme la pêche au cyanure ou à l’explosif ont un impact direct sur la structure des récifs coralliens. De même le chalutage de fond est responsable de la destruction des récifs d’eaux froides.
L’ancrage intensif lié aux activités touristique est une source de destruction des récifs coralliens.

Les activités touristiques impactent également le bon état des écosystèmes coralliens. L’ancrage de la navigation de plaisance entraîne la destruction mécanique du corail. L’urbanisation côtière, notamment en lien avec le développement touristique, constitue aussi une importante source de régression des récifs coralliens. De même, les rejets d’eaux usées et les déchets liés à la surpopulation touristique nuisent gravement à l’écosystème corallien.
Enfin, des activités plus lointaines du littoral (exploitation minière, déforestation, agriculture) peuvent impacter les récifs coralliens en augmentant la turbidité des cours d’eau. Lorsque le fleuve se jette dans la mer cette matière se dépose sur les structures coralliennes et peuvent asphyxier les récifs.

La plongée sous-marine peut être une source de préservation pour les récifs coralliens tout comme une source de dégradation directe ou indirecte.
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