Les déchets marins

Une « espèce » cosmopolite

Si vous mettez la tête sous l’eau dans n’importe quel endroit du monde, il y a une « espèce » cosmopolite que vous avez de grandes « chances » de rencontrer. Une chose familière avec laquelle nous vivons quotidiennement et que nous retrouvons dans les mondes aquatiques, qu’ils soient doux ou salés. Vous avez deviné de quoi je parle ? Il s’agit bien sûr des déchets.

Et c’est malheureusement un festival. Des microscopiques, des petits, des grands. Certains sont en surface, d’autres flottent entre deux eaux et une grande partie fini sur le fond. Du plastique sous toutes ses formes, du métal peinturluré ou non, du verre, du caoutchouc traité et son cortège de contaminants chimiques.

Voilà pour le constat primaire et visuel. Qu’en est-il si l’on se penche sur les données à notre disposition ?

Provenance et types de déchets marins

Tout d’abord regardons globalement la quantité et la provenance. Chaque année ce sont environ 10 millions tonnes de déchets qui sont déversés dans l’océan. Côté source de cette pollution dantesque 80 % provient de nos activités à terre et transite notamment par les cours d’eau. Ils peuvent également arriver directement en mer depuis la terre en lien avec nos usages sur le littoral. Les 20 % restant ont pour origine les activités maritimes (pêche, transport de marchandises).

Penchons nous maintenant sur la composition de déchets marins. Les seuls chiffres robustes à notre disposition concernent le littoral qui fait l’objet de suivis dédiés. Ainsi nous retrouvons sur les plages 80 % de plastique, 8 % de déchets sanitaires, 4 % de papier/carton, 3 % de tissu, 3 % de métal et 2 % de verre. Un quart des déchets plastique proviennent d’objets à usage unique.

Dés que l’on s’éloigne de la côte, les données sont dans leur grande majorité issues de l’acquisition d’opportunité comme par exemple lors de campagnes scientifiques. Encore une fois c’est le plastique qui est majoritaire et constitue 70 % des observations sur les fonds et en surface. L’estimation de la quantité de plastique dans l’océan varie entre 75 et 199 millions de tonnes. Soit l’équivalent de 7 500 à 19 900 tours Eiffel si cela vous parle plus.

Le plastique pose notamment problème car il ne se dégrade pas totalement dans l’environnement marin mais se fragmente en microparticules (< 5 mm) et en nanoparticules (< 1 µm). Ces particules se retrouvent dans la chaîne alimentaire marine et à la toute fin dans notre assiette lorsque nous consommons des produits de la mer.

Tous les écosystèmes sont impactés par les déchets marins

Les déchets sont partout dans les océans. Ils sont notamment observés jusque dans les canyons sous-marins de Méditerranée. Même dans la fosse Challenger à 11 000 m de profondeur nos déchets nous précèdent dans les abysses. Il s’agit pourtant de l’un des endroits les plus difficiles d’accès de notre planète.

L’impact des déchets sur les écosystèmes marins est très important. L’ingestion notamment de macro et de micro déchets plastiques par les organismes marins affaiblit, voire tue, les espèces de toutes les tailles (du zooplancton au cachalot). Les déchets ingérés se stockent dans les organismes et s’accumulent tout le long de la chaîne alimentaire. Notre santé est ainsi concernée par ce phénomène car les produits marins issus de la pêche contiennent des microplastiques.

Certains déchets, comme les filets de pêche abandonnés vont directement abîmer les espèces des fonds marins. De plus, en continuant à capturer des poissons, ils participent à la dépopulation des fonds. Certains déchets vont également relarguer dans l’environnement des substances polluantes en se dégradant (peinture, métaux, substances chimiques industrielles).

Ces quelques photos reflètent la pollution ordinaire des déchets marins que l’on rencontre dans les eaux côtières à faible profondeur. Vous pouvez y observer notamment l’impact des déchets de pêche (filets) sur la faune fixe.