
Prairies sous-marines des Antilles
Les Antilles abritent plusieurs espèces de plantes marines qui constituent un habitat primordial pour de nombreuses espèces côtières.
Les prairies sous-marines vous connaissez ? Mais si ! Les grandes étendues vertes de plantes marines aux longues feuilles. Si vous mettez la tête sous l’eau dans l’Hexagone vous avez certainement rencontré en Méditerranée les herbiers de posidonie (Posidonia oceanica) ou de cymodocée (Cymodocea nodosa). Vous préférez la Manche et l’Atlantique ? Pas de problème ! Vous avez sûrement croisé la route des prairies de zostère marine (Zostera marina) et de zostère naine (Zostera noltei). Mais il manque dans l’équation un gros morceaux des prairies sous-marines françaises : celles d’Outre-Mer.

Parmi les fonds marins couverts de vastes étendues vertes, les Antilles ne sont pas en reste. Ce sont pas moins de sept espèces qui se bousculent dans les eaux côtières caribéennes dont six sont endémiques de cette région ! Regardons un peu quelles sont les espèces les plus communes.
A la tête de ces plantes antillaises se trouve la mal nommée « herbe à tortue » (Thalassia testudinum). Des feuilles longues et charnues, des prairies denses, une capacité à ériger une matte grâce à ses rhizomes et ses racines qui piègent les sédiments. Bref, elle n’a rien à envier à ses cousines des eaux tempérées. T. testudinum préfère les zones calmes abritées des vagues et une eau claire.

Portons ensuite notre regard vers l’herbe à lamantin (Syringodium filiforme). Comme son nom scientifique l’indique, sa carrure est fine et délicate. Cette espèce moins costaude que sa cousine du genre Thalassia est dite pionnière. C’est à dire qu’elle est plus tolérante aux perturbations et au stress. Nous pouvons ainsi la trouver dans dans des zones plus exposées à un fort hydrodynamisme ou à des influences anthropiques.
Terminons avec un genre de plante marine plus tendancieux : celui des Halophila. Ces espèces aux feuilles rondes et courtes recouvrent d’immenses surfaces d’un gazon raz vert fluo. Le problème est que ces plantes ne sont pas indigènes. Elles constituent un cortège d’espèces invasives arrivées depuis l’autre bout du monde (comme la Mer Rouge pour Halophila stipulacea), très certainement par le biais de l’ancrage des navires de plaisance.

Ces différentes espèces ne renient pas la présence d’autres plantes marines et n’hésitent pas à former des prairies dites plurispécifiques à l’inverse de certaines de leurs parentes de l’Hexagone. Cependant, malgré cette tolérance, les herbiers des Antilles voient un déclin de leur densité avec leur remplacement par les prairies d’Halophila et les pressions induites par les activité humaines.
