Tourisme de plongée : quel impact sur la biodiversité ?

Quelques éléments pour comprendre l’impact de la plongée sous-marine et du surtourisme sur la biodiversité des océans.

Quand la biodiversité est un argument commercial

Quel est le point commun entre un requin bouledogue, un esturgeon belge, un requin baleine, un récif corallien et une tortue marine ? Réponse : l’humain plongeur veut les voir à tout prix. Quelque soit le coût financier ou environnemental.

Le tourisme de plongée sous-marine est un business juteux à l’échelle mondiale. En 2024 son marché s’élevait à 4,5 milliards de dollars avec un taux de croissance de 5,6 % par an. En France cela représente 24 à 32 millions d’euros par an rien que pour la Méditerranée.

Un requin bouledogue (Carcharhinus leucas) à quelques centaines de mètres des plages surfréquentées de Playa del Carmen dans le Yucatan au Mexique.

Les professionnels du tourisme de la plongée mettent souvent en avant les bénéfices de cette activité pour la préservation de la biodiversité. L’argument principal est qu’un animal vivant ou un site préservé génère plus de revenus financiers pour les populations locales qu’en dégradant la biodiversité et le milieu marin. Par exemple, un requin vivant peut générer jusqu’à 2 millions de dollars par an via le tourisme de plongée. En Afrique du Sud l’économie de l’écotourisme lié aux requins pèse environ 6 millions de dollars par an, tandis que la valeur de la pêche aux squales est estimée à moins de 500 000 dollars.

Une tortue dans les Caraïbes, un objet d’intérêt pour de nombreux groupes de plongeurs.

En plus de l’aspect économique, ce sont également les bénéfices environnementaux de cette forme de « protection de la biodiversité » qui sont mis en avant pour attirer des touristes (le plus souvent aisés) conscients des enjeux de préservation de l’océan. Est alors mis en avant le fameux écotourisme, argument de vente par excellence pour rassurer les clients potentiels au portefeuille bien rempli.

Seulement il ne s’agit que d’une chimère. En effet le tourisme de plongée sous-marine génère de forts impacts environnementaux qui viennent impacter directement et indirectement le milieu marin et les espèces pour lesquelles les humains parcourent tant de kilomètres.

Un requin baleine (Rhincodon typus) en Basse Californie du Sud. Dans cette partie du Mexique les groupes de plongeurs sont strictement encadrés par les autorités pour approcher et observer ces animaux.

Les impact de plongée sur l’environnement

Le plus évident est l’impact des moyens de déplacement pour amener le touriste plongeur à son site de plongée. Voiture, avion, bateau, les énergies fossiles consommées par ces moyens de transport viennent augmenter les quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et donc dans l’océan. S’en suit l’acidification et l’augmentation de la température qui mettent à mal les habitats marins, comme les récifs coralliens, et leur habitants.

L’hébergement touristique constitue aussi une importante source de pression directe sur l’environnement marin. Ainsi, la gestion, de l’eau potable, des déchets, des eaux usées et de l’artificialisation du littoral varient grandement d’une destination à l’autre. Lorsque la gestion est minime ou inexistante les dommages causés à l’environnement marins peuvent être importants.

Même les esturgeons des carrières belges, introduits artificiellement, sont la cible de l’attention des plongeurs.

Enfin, la surfréquentation des sites de plongée entraîne une modification du comportement des animaux. C’est par exemple le cas des mérous, des dentis et des sars en Méditerranée. Ce constat est le même pour les requins avec les différentes méthodes permettant de les concentrer pour faciliter l’observation par les touristes comme le nourrissage ou l’appâtage. Il y a également les destructions directes liées au comportement des plongeurs qui en s’accrochant au fond ou en palmant peuvent détériorer les espèces fixées.

Même les espèces fixées comme les coraux sont impactés par le tourisme de plongée.

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