
Paysage sous-marin du nord de la France
La révélation des fonds marins du nord de la France et de ses habitants grâce à la magie de la photogrammétrie.
Retirer la mer
Comme vous le savez peut-être, la technique merveilleuse de la photogrammétrie permet de « retirer » la couche d’eau qui recouvre les fonds marins pour obtenir une mosaïque photo et une modélisation 3D photoréaliste. Le tout à ultra haute résolution. Dans le cas de certains habitats marins se trouvant dans la zone de balancement des marées (dite « intertidale »), inutile d’avoir recours à de telles techniques en plongée. Il suffit tout bêtement d’attendre la marée basse.

Seulement, procéder de la sorte nous prive de tout un tas d’informations liées à la répartition des espèces marines vivant sur le fond (dites « benthiques ») qui s’empressent de revenir y faire leur vie dés que le flot marin fait son retour.
En route pour le nord de la France
Voici un exemple illustré avec un récif rocheux du nord de la France près d’Audresselles (Pas-de-Calais). Malgré les eaux relativement turbides, les fonds marins se dévoilent dans leur intégralité grâce à la photogrammétrie. Un paysage de roches parcourues de veines de sédiment. Ces dernières constituent des frontières infranchissables pour certaines espèces. Ou un corridor de circulation pour d’autre. Comme ce tourteau (Cancer pagurus) qui se repose avec vigilance.

Les roches nous révèlent leur chevelure algale multicolore dans toute sa dimension verticale. Leur agencement prend une nouvelle signification par rapport à leur étalement à marée basse. La structuration en trois dimensions du paysage sous-marin formé par la végétation influe fortement la répartition et la circulation des espèces. Que ce soit les poissons dans le ciel aqueux ou les laborieux organismes benthiques qui marchent ou rampent sur le socle rocheux. Cette fronde d’algue prend alors l’apparence d’une forêt tortueuse et complexe à l’échelle de ses habitants.

Ce que la mosaïque photo ne nous dit pas, la cartographie de la profondeur nous le fournit en chiffres. Et aussi en couleur. Les sillons profonds se parent de bleu. Les roches tutoyant la surface rougissent.
Deux cent photos et quelques heures de calculs informatiques nous révèlent un monde sous-marin visuel, graphique et chiffré. Certaines questions trouvent des réponses inattendues. Certaines réponses engendrent de nouvelles questions. La photogrammétrie n’est qu’un outil parmi de nombreux autres pour améliorer notre connaissance du milieu marin. Il reste cependant un révélateur exceptionnel des habitats marins et des espèces qui y vivent.

